Tout propriétaire ou futur propriétaire de son équidé se pose la question de son hébergement.
La plupart du temps nous réfléchissons en matière de contraintes humaines : temps de trajet pour se rendre à la pension, coût de celle-ci, installations présentes, qualité des professionnels et de l’encadrement sur place… mais moins en termes de besoin équin.
Qui ne rêve pas d’un cheval en bonne santé, heureux et épanouis ? Cet idéal que beaucoup de propriétaires cherchent à atteindre est interdépendant de nombreux facteurs. Celui auquel nous allons nous intéresser ce jour, concerne le logement de notre poilu préféré.
Celui-ci est-il compatible avec son bien-être ?
Un environnement inadapté est source de mal-être, de stress et d’anxiété.
Connaître les besoins fondamentaux de son cheval est essentiel pour faire le choix du mode d’hébergement adapté pour lui et apprendre à reconnaitre les situations qui lui provoquent de l’anxiété.
Le cheval a un budget temps assez défini. Il se décompose comme suit :
- 60 à 80% de son temps consacré à son alimentation
- 20 à 30% de son temps consacré à son repos
- 4 à 8% de son temps à surveiller son environnement
- 4 à 8% de son temps consacré à ses déplacements & à l’interraction
Le box
Le regard des cavaliers sur l’hébergement au box tend à évoluer. De nombreuses études sur le sujet sont menées (Kjellberg, L., Sassner, H. & Yngvesson, J. (2022). Horses’ resting behaviour in shelters of varying size compared with single boxes, Applied Animal Behaviour Science, 254: 105715.)(Sandra Löckener, Sven Reese, Michael Erhard, Anna-Caroline Wöhr. Pasturing in herds following housing in horseboxes induces a positive cognitive bias in horses. Journal of Veterinary Behavior, January–February, 2016, Volume 11, Pages 50–55) et publiées au grand public, afin de nous aider à comprendre les effets de celui-ci sur le bien-être des chevaux.
Le box présente plusieurs avantages en offrant un abri contre les intempéries, les fortes chaleurs ou les insectes, un espace sécurisant pour certains chevaux (tranquillité vis-à-vis des congénères, lieu propre et calme), la nourriture est distribuée à heures fixes, lieu pour se reposer.
Cependant, il faut aussi prendre la mesure de ces défauts afin de choisir en conscience ce qui convient le mieux pour notre animal.
Le box selon la définition du Larousse « Petit enclos ou local réservé au logement individuel des chevaux, des taureaux et des veaux. » Dans les habitudes équestres, très souvent c’est un compartiment de 3x3m, murés sur 3 côtés. Du fait de sa configuration, cela entraine par conséquent de l’immobilité chez le cheval, de l’isolement social, de l’ennui… qui ont pour conséquence de la frustration, de l’agressivité, de l’anxiété, des pathologies digestives, respiratoires et locomotrices, des troubles du comportement, de la dépression…
Le cheval du fait de cet isolement peut devenir beaucoup plus sensible à tous stimuli extérieurs : par exemple avoir des réactions surprenantes dans le manège, la carrière ou lors de sorties en extérieur, lorsqu’il voit ou entend un objet ou un bruit
Nous l’avons détaillé dans notre précédent article, Parlons bien-être équin au quotidien, nous pouvons donc constater que ce mode d’hébergement n’est pas optimal pour respecter les fondamentaux du bien-être équin.
Néanmoins, cet hébergement est parfois une nécessité pour des maladies ou pathologies, suite de chirurgie, voyage, concours… La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de favoriser son enrichissement !
Une distribution de fourrage plus fréquente et plus conséquente, des contacts sociaux avec ses voisins, un enrichissement visuel, olfactif et tactile, une luminosité naturelle et optimale…
Vous pouvez trouver et réserver votre professionnel de confiance sur www.hups-sport.com
Le réseau du bien-être équin
Le pré
L’hébergement au pré, est souvent considéré pour les chevaux en retraite, les poulains et les chevaux de loisirs. Et les autres chevaux ? Pourquoi ce mode d’hébergement n’est que si peu pris en compte pour les chevaux dit « de sport » ?
Trouver la pension au pré idéale n’est pas une chose si facile ! Et oui, au-delà d’un pré, beaucoup d’autres paramètres sont à prendre en compte pour que le cheval vive bien dans ces conditions.
Tout d’abord la sécurité :
- celle du groupe et des congénères : avoir un groupe équilibré et stable (hétérogène en terme d’âge, de sexe, besoin nutritionnel), en terme de nombre d’individus, de caractère, de contacts sociaux…
- des pâtures avec des clôtures fiables, du fourrage de qualité, des espèces de plantes diversifiées, pas de présence d’espèces toxiques, une surface suffisante pour le nombre d’équidés, pas de surpâturage, une gestion des zones de boues…
le professionnalisme des gérants : avoir une confiance aveugle vis-à-vis des personnes qui s’occupent au quotidien de votre cheval est un primordial ! Une surveillance quotidienne minutieuse est un minimum afin de déceler le moindre changement de comportement, des plaies ou boiteries qui pourraient survenir et agir rapidement en conséquence. Une connaissance précise des chevaux en générale et des chevaux présents sur place en particulier est nécessaire.
les installations : un minimum de surface et de connaissances de ce mode d’hébergement est indispensable pour que cela soit une réussite. Et oui, gérer des pâtures pour des équidés n’est pas une chose aussi facile qu’on ne le pense. Les prairies demandent un vrai entretien tout au long de l’année : gérer les zones de refus et le repos hivernal, ensemencer régulièrement, aérer le sol, contrôler le surpâturage et les zones de portance, apporter des fertilisants…
L’hébergement au pré ne dépend pas de la catégorie de l’équidé mais plutôt des humains qui gèrent la pension et du propriétaire. Est-ce que vous êtes prêt à faire quelques mètres de plus pour aller chercher Champion du Prince au fin fond du pré qui sera au milieu de ses copains et sûrement couvert de boue ?
L’avantage de vivre dehors constamment permet au cheval de s’habituer à toutes sortes de bruits ambiants, de développer un mental plus serein en étant confronté à la présence d’animaux sauvages, de s’aider du troupeau pour valider ou non s’il y a un besoin de fuite… En permettant un déplacement continu, le cheval entretien de lui-même sa musculature en fonction de ses possibilités.
La manipulation des chevaux dans un groupe peut présenter des risques non négligeables qui demande de la connaissance du troupeau et de ses individus. Un espace sécurisé est nécessaire pour les soins ou pour la distribution des rations.
Le Paddock Paradise® ou écurie active
Le PP (Paddock Paradise) est un concept mis en place par Jamie Jackson sur le mode de vie des chevaux sauvages, afin d’améliorer l’environnement des chevaux domestiques. Les chevaux se déplaçant en file indienne, sur des pistes, pour trouver de la nourriture, de l’eau, des endroits de repos… En aménageant des pistes dans nos prés, il est possible de stimuler les comportements naturels, de favoriser la santé physique et mentale, de limiter voir d’éliminer les risques de fourbures, de coliques…
L’écurie active se base sur ce même principe et ces écuries sont en partie (voir en totalité) automatisées afin de subvenir aux besoins physiologiques 24h/24 et 7j/7 des chevaux.
Cependant ce mode d’hébergement demande un temps d’adaptation au cheval car la distribution de la ration peut être automatisée, l’aire de distribution du foin peut changer d’endroit, les pistes peuvent amener un stress à certains chevaux en ayant du mal à gérer l’éloignement de leurs congénères et l’étroitesse des couloirs, il est nécessaire d’avoir une surface de prairie suffisante pour effectuer ce type d’aménagement.
Ces modes d’hébergements novateurs tendent à offrir une meilleure qualité de vie aux chevaux mais l’observation des signes de son équidé est essentielle afin de savoir si celui-ci lui convient.
👉 Pour approfondir cette approche, nous vous conseillons le livre de Jaime Jackson, Paddock paradise : a guide to natural horse boarding, 2007 ou encore le groupe Facebook francophone dédié : https://www.facebook.com/groups/paddockparadisefrance.
Pour conclure
Même si le cheval a une grande adaptabilité à ses conditions de vie en écurie, la vie au box ne permet pas une satisfaction de ses besoins fondamentaux entrainant des signaux de mal-être dont il faut être attentif et prouve que cette adaptation est incomplète et difficile.
Une vie 100% au pré, comprenant tous les critères cités plus haut, semble idéale et couvre une grande partie des besoins nutritionnels, de mouvements et de contacts des chevaux de sport comme de loisirs, qu’ils soient jeunes ou retraités. Il faut cependant veiller à apporter le fourrage nécessaire en cas de raréfaction de l’herbe et de placer le cheval dans un groupe stable.
L’observation et la connaissance de Roudoudou reste votre meilleur indicateur, quant à son niveau de bien-être et de ses besoins ou manques.
👉 Les cavaliers de haut-niveau se questionnent et se tournent vers ses hébergements plus respectueux du bien-être de leurs sportifs. Citons Marie-Charlotte Fuss, complétiste française, double championne d’Europe jeunes, qui héberge ses chevaux au pré et qui a fait construire son écurie active. (https://grandprix.info/fr/50183/MarieCharlotte-Fuss-emmenage-pres-de-Toulouse-et-fait-construire-une-ecurie-active/). Grégory Cottard assume de faire évoluer son équitation et de se débarrasser des artifices. On voit régulièrement ses chevaux sans fers ou sans muserolle sur les tours. (https://grandprix.info/fr/50113/Je-nai-pas-demande-a-etre-le-representant-du-bienetre-animal-Gregory-Cottard/)
Cela laisse à réfléchir…
Bon courage dans votre réflexion et n’oubliez pas que vous faites toujours le meilleur choix à un instant T !